Convoyage d'un Pogo 10.5 du Havre à Cascais.
C'est le 23 novembre que j'ai rejoint Le Havre afin d'embarquer en tant qu'équipier à bord d'un Pogo 10.50 à convoyer jusqu'à Cascais au Portugal.
Le bateau et son équipage
Le bateau à convoyer était un Pogo 10.50 sorti en 2011 du chantier Structures.
Les Pogos, quelque soit leur taille, sont des voiliers magnifiques. Depuis que j'ai eu l'occasion d'admirer un Pogo 12.50 en Grèce, j'étais impatient à l'idée de monter à bord d'une telle embarcation. C'était donc un réel plaisir lorsque Martin m'a contacté pour me confirmer qu'il était toujours à la recherche d'équipiers pour le convoyage de son Pogo 10.50 récemment acquis.
Nous étions cinq à bord au départ du Havre: Martin le propriétaire, Anne sa conjointe ainsi que trois équipiers: Alain, Vincent et moi.
Alain et Vincent étaient les plus expérimentés du groupe. Tout deux heureux possesseurs de voiliers et avec plusieurs années d'expérience derrière eux, leur présence à bord s'est vite révélée indispensable puisque c'est eux qui se chargeaient de la navigation notamment. Tous deux ont malheureusement du quitter le bord à Camaret.
Nous avons cependant eu la chance d'accueillir Robin, skipper professionnel de père en père en fils depuis deux générations (au moins) et artiste émérite. C'est grâce à lui nous avons pu traverser le Golfe de Gascogne et rejoindre Cascais sans encombre et aussi rapidement.
Le trajet
L'objectif était de convoyer 78° South du Havre à Cascais au Portugal.
Du Havre à Camaret, les joies de la Manche suivies du Raz Blanchard.
Nous sommes partis du Havre le vendredi 24 novembre en début de journée. L'objectif était de sortir de la Manche et de poursuivre jusqu'à Camaret afin de nous reposer brièvement avant d'entamer la traversée du Golfe de Gascogne.
Si la matinée se passe extrêmement bien, en début d'après-midi un vent de force 7 (28 à 33 nœuds) avec des rafales à plus de 40 nœuds nous mènent la vie dure au milieu d'une mer agitée (1.25 à 2.5 mètres de houle). Ajoutez à ces conditions déjà peu optimales une allure peu confortable (le près) et vous aurez la chance d'avoir l'équipage au grand complet (ou presque) qui souffre du mal de mer !
Même en prenant deux ris dans la grand-voile et un ris dans la trinquette, les conditions sont difficiles et le resteront toute la nuit. Cependant, les premiers quarts s'enchainent. Une fois réveillé, chacun passe une heure à la barre puis enchaine avec une heure de navigation / veille pendant que le suivant prends la barre, de manière à ce qu'il y ait toujours deux personnes dans le cockpit (ou à proxmitié). Après cette heure de veille, il est temps de retourner profiter de trois heures de sommeil.
Le lendemain, décision est prise de s'arrêter pour la nuit à Cherbourg. Les conditions météorologiques difficiles ne rendent pas le passage du Raz Blanchard de nuit très raisonnable.
Après une nuit sans quarts (donc reposante), nous repartons en direction de Camaret. Après le passage du cap de la Hague, nous entamons le passage du Raz Blanchard. Les conditions sont toujours difficiles mais un peu moins que lors de la première partie de notre navigation. Nous arrivons finalement le dimanche 26 novembre en fin de journée à Camaret. Un timing parfait pour profiter d'une bière.
Nous avons effectué environ un tiers du trajet total lorsque malheureusement, Vincent et Alain nous quittent.
De Camaret à Muros, la traversée du golfe de Gascogne.
Afin de nous aider à terminer notre périple, Robin, un skipper professionnel nous rejoint à Camaret le mardi 28 novembre en début de matinée.
Martin a profité de ces deux jours à quai pour faire un petit tour en tête de mat afin d'entretenir l'enrouleur du solent qui était jusque là difficile d'usage. Le ravitaillement étant également fait, il ne nous reste plus qu'à refaire le plein de gasoil avant d'entamer la traversée du golfe de Gascogne.
Partis le mardi 28 novembre en fin d'après-midi, nous arrivons à Muros en Espagne le vendredi 1er novembre en fin de journée. Encore une fois le moment est parfaitement choisi pour déguster une petite bière avant d'aller prendre nos douches.
Malgré une mer parfois agitée et quelques rafales à 30-35 nœuds de vent, les conditions étaient globalement beaucoup plus agréables que pendant le première tiers de notre voyage. Gros avantage: nous étions au portant ! L'occasion de faire quelques pointes à plus de 13 nœuds avant le bateau.
Le plus difficile dans cette traversée était probablement la gestion des quarts. En effet, si avec un équipage de cinq personnes nous tournions sur un rythme de cinq heures dont trois de repos, avec seulement quatre personnes, tout le monde perd une heure de sommeil...
De Muros à Cascais, les côtes portugaises tout en douceur.
Après nous êtres reposé une nuit à Muros, nous repartons le lendemain aux alentours de midi pour notre dernière étape jusqu'à Cascais. Le vent et la mer s'adoucissent, les conditions sont beaucoup plus tranquilles. A tel point que nous devons parfois mettre le moteur.
Nous changeons également notre manière de faire des quarts. Cette fois nous sommes trois (Anne faisant ses quarts avec Martin) à nous relayer toutes les deux heures. Le pilote automatique est en route une grand partie du temps et une seule personne suffit pour s'occuper de la veille, ce qui permets aux autre de profiter de quatre heures d'affilée de sommeil, le grand luxe !
Nous sommes de plus régulièrement escortés pendant plusieurs heures d'affilée par de nombreux dauphins, un spectacle dont on ne se lasse pas ! Je vous laisse profiter de la vidéo à la fin de cet article.
Nous arrivons finalement à Cascais dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 décembre. Cette fois, ce mauvais timing nous obligera à attendre le lendemain avant d'aller boire notre désormais traditionnelle bière de l'arrivée !
Vidéo bonus
Entre les magnifiques couchers et levers de soleil il n'était pas rare de croiser la route de "quelques" dauphins qui n'hésitaient pas à nous suivre pendant des heures en jouant autour du bateau. :)